État des recherches sur les Compagnies de Travailleurs Étrangers - (C.T.E- 1939-1945)
Les Compagnies de travailleurs étrangers (C.T.E) sont créés en France par le décret du 12 avril 1939 par le gouvernement Daladier, dans le cadre des mesures régissant les lois de recrutement et la loi sur l’organisation de la nation en temps de guerre. L'extension aux étrangers bénéficiant du droit d'asile des obligations imposées aux Français permet de les incorporer dans les CTE. Ce décret ne sera abrogé que le 23 avril 2008.
Les compagnies de travailleurs étrangers, nommés prestataires, sont placées sous l'autorité du ministère de la guerre, car il s'agit de formations de l'Armée française, non armées, affectées pour effectuer des travaux ou d'intérêt général ou stratégiques dans les zones frontalières ou dans des camps militaires. Les Compagnies sont d'un effectif théorique de 250 hommes, dirigées par un officier français.
En effet, le décret propose aux étrangers qui séjournent en France et qui bénéficient du droit d'asile d'apporter à l'armée française des prestations sous forme de travail en remplacement du service militaire. C'est pourquoi une partie d'entre eux, prendra part à la défense du territoire en intégrant soit la Légion étrangère, soit les régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE) qui après l'armistice iront rejoindre l'Afrique du Nord pour les premiers. Il arrive que des internés soient placés devant un ultimatum: le rapatriement ou l'engagement dans la Légion étrangère.
L'entrée en guerre accélère le processus et 55 000 Espagnols internés dans les camps rejoignent les rangs des prestataires dans les Compagnies 40 000 autres travaillent dans l'industrie ou l'Agriculture 6 000 s'engagent dans l'armée et 3 000 sont déclarés inaptes ou "hostiles" (des communistes souvent) à la guerre restent internés sur décision des préfets et des commissions de criblage. Selon les historiens 200 000 personnes auraient à cette époque déjà quitté la France et seraient retournées en Espagne, pour la plupart des réfugiés civils, certains connaitront là-bas des destins tragiques Les Compagnies constituent donc une alternative pour certains.
Les Espagnols âgés entre vingt et quarante-huit ans constituent donc les premiers contingents des CTE affectés à des travaux sur la Ligne Maginot et à la frontière italienne entre autres. Âge théoriques car on trouve dans les listes, des mineurs, le plus jeune recensé avait 15 ans, et des gens plus âgés, le plus vieux avait 57 ans."Les étrangers de sexe masculin âgé de dix-huit à cinquante cinq ans pourront aussi longtemps que les circonstances l'exigeront, être rassemblés dans des groupements d'étrangers s'ils sont en surnombre dans l'économie française et si, ayant cherché refuge en France, ils se trouvent dans l'impossibilité de regagner leur pays."
Cette loi vise à exclure les étrangers des emplois et crée des camps d’internement où les étrangers sont obligés de travailler. Les groupements de travailleurs étrangers, sont placés sous l’autorité d’une sous-direction du ministère de la Production industrielle et du Travail. Afin de rendre cette exclusion moins coûteuse, les internés sont fournis comme main-d’œuvre bon marché dans des travaux de gros œuvre: mines, grands travaux, agriculture et forestage. C'est ainsi, qu'une fois démobilisés, après l'armistice, un très grand nombre de soldats des régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE) rejoindront les Forces françaises libres ou la résistance Française.