Cartas del exilio

En marge - Les C.T.E

État des recherches sur les Compagnies de Travailleurs Étrangers - (C.T.E- 1939-1945)

Républicains espagnols au camps du Barcares - Photo de Robert Capa (http://javiercoria.blogspot.fr/)

En marge


Les C.T.E & les G.T.E

Quand j'ai créé ce site pour raconter l'histoire de mon grand-père paternel, j'ai souvent reçu alors, et continue de recevoir régulièrement, des demandes de renseignements de la part de personnes désireuses de retrouver elles aussi la trace d'un père, d'un oncle d'un grand-père voire d'un arrière-grand-père ayant été dans une de ces Compagnies ou Groupements de Travailleurs Étrangers durant les tragiques années de 1939 à la libération en 1945.

Combien y eut-il de compagnies ou de groupements? Combien d'hommes y travaillèrent? Les données sont floues. On estime qu'il y eut environ entre 20 000 et 40 000 hommes réparties entre 200 à 300 compagnies/groupements. Chacun d'eux pouvant compter entre 250 et 400 hommes. Leurs trajets sur le territoire, les tâches qu'elles devaient accomplir, tout cela est consigné et assez précisément, du moins jusqu'à la débâcle. Et le flou s'accentue un peu plus quand ces Compagnies de Travailleurs Étrangers (C.T.E) décimées ou éparses sont regroupées et transformées en Groupement de Travailleurs Étrangers (G.T.E) sous le gouvernement de Vichy, qui prête alors cette main d'œuvre bon marché et corvéable à merci à l'occupant pour construire, entre autres, le mur de l'Atlantique. A noter que si les espagnols y furent majoritaires, ces C.T.E et G.T.E furent aussi composées, et cela est encore moins connu, de juifs, de palestiniens, d'arméniens, d'indochinois, de polonais et d'autres étrangers qui fuyant la guerre ou tout simplement réquisitionnés, avaient trouvés en France un abri somme toute relatif et pour certains une nasse ou ils trouvèrent la mort.

dessin de la 11ème Compagnie au Parpaillon - collection personnelle

Sur les 250 hommes de la 11ème compagnie, je n'ai pu que recueillir que 80 noms environ, ceux de mon grand père et de mon oncle inclus. Je n'ai pas trouvé trace des autres. Pourtant ils sont sûrement répertoriés, quelque part, dans le dédale des archives de l'armée, de la police, de la justice parfois, le tout au niveau local, départemental ou national. Sur internet c'est souvent une voix individuelle qui sort du silence, un ancien d'une C.T.E ou un(e) de ses descendant(e)s qui donne un numéro de compagnie, le nom de deux ou trois compagnons, un lieu de travail. Mais les témoins directs disparaissent inexorablement et avec eux les souvenirs, les preuves. C'est un travail de fourmi que d'essayer alors de remonter le fil, trouver la trace, le contact.

Recherches à faire

Mais c'est ce que ce site dans le site se propose de faire. En recensant les données brutes existantes et accessibles dans les livres, les archives, les sites web, mais aussi en faisant appel aux personnes qui possèdent des informations, des lettres, des histoires racontées par un proche sur ces CTE. Ils pourront ici demander des informations mais aussi les déposer aussi petites soient-elles. Un nom, un numéro de compagnie c'est déjà une information qui en appellera d'autres. Et aussi nous aider à les trouver en fouillant pour nous quand ils cherchent pour eux-mêmes, les archives précitées et éparpillées aux quatre coins de la France et en Europe.

Il y aura donc sur les pages suivantes une liste des compagnies CTE avec les données essentielles accessibles et téléchargeables.Je précise que je ne travaillerais pas sur les GTE faute de temps. Certaines seront complètes, d'autres pas du tout. A nous de les remplir peu à peu, car le recueil d'archives c'est avant tout une histoire de patience. J'espère que chemin faisant certains d'entre nous pourront grâce à cela retrouver la trace ou combler un blanc dans l'histoire de leur propre famille. Car après tout il s'agit avant tout de cela: retrouver des individus, des histoires personnelles non finies ou non racontées. Donner à l'histoire collective un visage et même plusieurs. Donner aux chiffres froids des statistiques et des énumérations sans fin, de la chair. J'ai les noms et des photo de 80 hommes qui appartenaient à la 11ᵉ C.T.E. Je voudrais connaître les 170 qui manquent, c'est le moins que je puisse faire pour ceux qui ont soutenu et souffert avec les miens.

Et puis au-delà des histoires personnelles retrouvées, se profile l'Histoire tout court, celle qui nous dit que ce qui s'est passé touche notre présent et influence notre avenir. Celle qui montre les leçons à apprendre et surtout à retenir pour ne pas commettre les mêmes erreurs et pour que, comme le disait Albert Camus: " L'histoire doit être au service de ceux qui la subissent."

Vous qui cherchez, ces pages sont pour vous, soyez les bienvenus...


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